samedi vers vingt heures

(tenue) Au total, deux chirurgies en une journée. Le matin, l'opération concernait une augmentation mammaire et l'après-midi, une diminution de la taille du nez. Je n'ai pris aucun plaisir contrairement à certains jours. Là, les deux clientes étaient très moches, vraiment pas du tout intéressantes. Même que pour la deuxième, je pouvais voir à deux mètres d'elles sa moustache ! Horrible.
De temps à autre, il m'arrive de coucher avec mes clientes. Je dis cliente parce que plus de soixante-dix pourcent de ma clientèle sont des femmes. Le reste, regroupe des hommes pour la double paupière, l'insertion d'abdos, retravaille sur le nez... des petites choses dans le genre plus courantes dans l'industrie de la K-Pop que l'industrie de l'automobile par exemple.
Mon pénis frustré, je tente de penser à autre chose qu'à de belles courbes féminines en attrapant mon portable. Dessus, je mate les derniers messages que j'ai pu recevoir et que je n'ai pas eu le temps de lire. En faisant un tour sur Intagram et en voyant des photos de soirée, une soudaine envie de m'éclater la gueule au soju me tâte la gorge.
Ah oui !
Je me rappelle que c'est ce soir la soirée organisée par le propriétaire de la résidence ! Parfait, ça tombe à pic. Pas besoin de prévoir quoique ce soit, une quelconque sortie en boite de nuit, une tournée des bars, après le boulot, c'est direction Sugar Free.

Assis sur ma chaise roulante, je tourne sur moi-même, le portable collé aux mains, réfléchissant à qui je peux en parler. Là, je repense à ma sortie de samedi dernier.
Je m'arrête de tourner parce que j'ai envie de vomir.
Puis, je me mets à rigoler en repensant dans l'état dans lequel j'avais fini par être samedi dernier. C'était du gros n'importe quoi. Ce jour-là, j'ai rencontré un gars, Haimi. J'étais resté toute la soirée avec ce gamin. J'avais accroché sur lui avec sa bouille craquante. Il m'avait fait bien rire.
Coup de cœur pour ce petit coréen.
Envie de le revoir et de repasser une soirée en sa compagnie, je le contacte. J'avais pris son numéro dimanche matin. Oui, il avait dormi chez moi, oui, il avait dormi dans le même lit que moi. Non, nous n'avions rien fait ! Enfin... je crois. Non, j'en suis sûr et certain !
Une fois le sms envoyé, je m'informe de l'heure. Plus qu'une heure et je peux me barrer. N'ayant pas de rendez-vous, je commence à faire du tri dans ma paperasse présente sur mon bureau. Le rangement va me prendre l'heure, je pense.

(...) Le temps écoulé, je prends mon sac, les clés de ma voiture, ma veste et je dégage d'ici. Je rappelle à la secrétaire de bien fermer derrière elle, toujours soucieux qu'elle oublie de le faire. Dans la voiture, je balance ma veste en arrière. Il fait bien trop chaud pour mettre ce genre de truc. Les clés dans le contact, je file à la résidence. Je ne pense pas rentrer me changer, Haimi doit être déjà en train de m'attendre au niveau de la piscine.
Sur le parking, je me gare faisant attention de ne pas coller les autres véhicules. Trop attaché à mon joli bolide, je ne veux surtout voir aucune rayure dessus sinon, je deviendrais tel un dragon qui crache sur toute la ville du feu en faisant couler le sang.
La voiture fermée, je me dirige vers les extérieurs de Sugar Free, c'est-à-dire que je passe par l'arrière en franchissant un portail, en suivant un petit chemin et voilà que j'atteins la piscine. J'aperçois dans la luminosité affaibli par la tombée de la nuit Haimi. Enfin... je pense que c'est lui.
Je m'approche lentement, une main cachée dans le pantalon. J'ôte mes lunettes de soleil qui ne me servent plus à rien dorénavant.

Apercevant un peu plus de ses traits physiques à chaque pas, je le vois sauter.
Il plonge à l'eau.
Je ne sais pas s'il m'attend depuis longtemps ou s'il avait déjà prévu de faire quelques brasses avant nos retrouvailles.
J'aborde les bords de la piscine, lorsqu'un élément attire mon attention. Je vois un vêtement qui flotte. Prenant soin de ne pas tomber, je l'attrape. Je cherche à savoir ce que c'est et très vite, je comprends qu'il s'agit du maillot de bain de Haimi.
Dès que je le vois revenir à la surface, je me relève, tendant au bout d'un doigt ce qui lui appartient.
"Je crois que tu as perdu quelque chose mon joli."
Un sourire taquin vient se dessiner sur mes lèvres toutes amusées par la situation actuelle. Mon esprit espiègle en marche et se met à s'emballer sur ce que je pourrais lui collecter en échange de son habit, s'il ne voulait pas montrer sa partie intime aux autres invités présents à cette soirée.

samedi vers vingt heures

(tenue) Bien sûr qu'il ne doit pas avoir honte de son corps. Si lui l'était, alors plus de la moitié de la planète devrait l'être également ! S'il m'avait sorti le contraire, je lui aurais rit au nez, le prenant comme du foutage de gueule. Il a fait le bon choix.
Le gamin sort de l'eau et se met devant moi, voulant réquisitionner ce qui lui appartient. J'attends avant de le lui donner, le fixant droit dans les yeux avec un visage satisfait.
Il venait d'accepter le petit jeu que je lui avais proposé. C'est bien qu'il est dit oui. On va pouvoir s'amuser ce soir. En soit, un banquet ou un buffet n'a rien de bien passionnant. C'est long, t'es presque obligé de parler aux autres sinon t'es mal vu, tu dois faire bonne figure, manger, piétiner, parler, faire semblant de rire aux blagues pas drôles... l'horreur !
Dans ce genre de soirée, des femmes viennent me voir dans le but de me poser des questions sur mon métier. Elles me demandent mes tarifs et me rappellent "olalah, mais ce n'est pas donné quand même !", elles me posent la question "et, ça fait mal ?". MAIS QU'EST CE QUE J'EN SAIS MOI BORDEL ! Ce n'est pas moi qui me fais opérer ! Et les hommes viennent à leur tour, jaloux et hautain, me disant "vous en avez fait vous aussi non ?" avec un ton quelque peu taquin, dans un but méchant. Et je leur réponds "non, je suis beau de nature.". J'essaye toujours de répondre avec gentillesse et respect, si c'est fait de même dans l'autre camp.
Il me parler de le mater ce qui me fait lâcher un petit rire moqueur. Et au moment où je vais lui répondre, voilà que le premier couple de tout à l'heure, repasse encore une fois, mais dans l'autre sens.
Ils sont énervants les gens !

Pour éviter toutes suspections à mon sujet, la première chose que je fais, c'est de rendre son maillot de bain pour qu'il puisse rapidement le remettre, et s'en savoir d'où me vient cette idée, je le prends dans mes bras. Sur le coup, je me fiche qu'il soit presque nue. Je me préoccupe simplement de le cacher, entre mes bras. Sauf que ce n'est clairement pas la meilleure idée du monde.
Le couple passant derrière moi se met à chuchoter sur notre dos et à nous regarder d'un mauvais œil. Ils doivent penser qu'on est en train de faire des choses pas très catholiques. Lorsque je penche mon visage dans leur direction, ils finissent par se taire. Mais de quoi se mêlent-ils ?
C'est foutu, ma réputation est toute faite. Ils vont me prendre pour un profiteur de jeune homme, un sale pervers qui agit à la piscine de la résidence.
Mon dieu !
Très vite, je repousse Haimi faisant quand même attention qu'il ne tombe pas à l'eau. Je m'écarte vers l'arrière aussi et je commence sa première action, car la situation l'exige.
"Ta première action est..." Je réfléchis. Ce serait trop facile de lui demander de reprendre ses vêtements ou de prendre les miens. Soudain, un éclair de "génie" me vient à l'esprit. "Tu vois le local du concierge ? Tu dois t'y infiltrer et lui prendre sa tenue." Je regarde ma montre et prépare à lancer une fonction. "Tu as... sept minutes !" Je lance le chrono. "Go!" Je lui tape amicalement et avec beaucoup d'entrain le bras. Une petite frappe de motivation.

samedi vers vingt heures

(tenue) Haimi se rhabille du seul vêtement qu'il possède actuellement (c'est-à-dire son maillot de bain) et se lance dans le défi que je viens de lui donner. Le chrono tourne. Il me dit facile, mais va t-il réellement réussir cette première mission ?
Voilà que speedy me quitte telle une fusée pour remplir le premier objectif. Je jette un coup d'œil sur ma montre. J'entends derrière moi des bruits. J'ai presque oublié la soirée. Je me tourne légèrement pour tenter d'apercevoir quelques mouvements. Déjà, la luminosité est plus intense par là-bas, mais restant toujours dans une ambiance assez tamisée. Je vois entre un mur et la végétation des passages irréguliers. Il me parvient jusqu'ici des entrechoques d'assiettes et un verre qui explose. Je me demande qui a fait la connerie. J'arrête de faire le fouineur et jette un regard sur le chrono. Cinq minutes. C'est fou comme le temps paraît long. Je souffle d'ennuie laissant mon visage dépérir en arrière pendant que mes mains viennent trouver refuse dans les poches de mon pantalon.
Ah ! Ma tête au garde-à-vous dès qu'un son de pas m'arrive aux oreilles. Voilà Haimi qui arrive à vive allure à en laisser presque des marques de passage sur le sol. J'arrête le chrono dès qu'il trouve son dernier appuie et lui annonce son score. "Cinq et quatre secondes." Ma bouche pliée et ma tête doucement secouée de haut en bas, je suis étonné presque bluffé du résultat. Je l'écoute et peut-être que j'avais vu trop facile effectivement. Avant d'être une action difficile, il s'agissait surtout qu'une action primordiale pour qu'il puisse se rhabiller le plus tôt possible. Mission validée !
À sa dernière remarque, je ne peux m'empêcher de prendre la perche qu'il m'a lancé, même si je n'y crois pas une seule seconde. "Je pensais jouer avec un enfant effectivement." Je le fixe intensément dans les yeux, plus sérieux, plus dérangeant.


Il ne doit surtout pas croire mes mots prononcés. Haimi est un jeune homme très charmant. Lors de notre rencontre, j'avais tout de suite accroché à ce gamin. Ne suis-je pas celui qui a fait le premier pas ? Je pouvais très bien poursuivre mon chemin aux toilettes et non jamais lui proposer de boire avec moi. Je ne peux pas vraiment dire le pourquoi lui et pas un autre. Son regard, son physique, ses vêtements, ce soir-là, le tout m'a attiré, l'ensemble m'a fait craquer. Et même s'il n'est toujours pas persuadé, j'ai quand même consacré cette nuit à lui, mon lit à son corps au lieu d'accueillir une femme plantureuse. Il ne me connaît peut-être pas encore, mais il n'est pas tellement compliqué à me cerner. Sûrement plus difficile à m'apprécier.
La première action effectuée, je me dois de chercher une suite pour ne pas que l'on s'endorme sur place. Je réfléchis à quelque chose en deux/deux et voilà la bête : "Je veux que tu charmes la femme d'un invité ce soir. Que tu me montres tes talents de séduction. Choisis la personne qui te plaît. Je veux du contact et surtout, qu'elle accepte ou te proposes un rendez-vous dans un Love Hôtel." Mes lèvres se marquent d'un plaisir sucré. "Un rendez-vous qui t'est bien sûr, libre de vraiment accepter plus tard ou non. C'est juste pour le jeu. Et pour éviter que cela ne tarde, je te donne une heure." Je regarde encore ma montre pour me fixer. "OK ?" Il n'a pas vraiment le choix en réalité.

Dès que la mission débute, je me dirige en même temps que lui vers le centre de l'animation : le buffet. Au contact d'une lumière beaucoup plus prononcée, mes yeux se plissent et mes lèvres se pincent. Dérangeant, mais très vite convenant, je récupère un caractère posé et quelque peu distant ou hautain. Les mains rangées, une démarche décontractée, je me joins aux autres près du buffet, profitant de saluer quelques voisins soi-disant sympathiquement pour les normalités. De temps à autre, je vérifie que Haimi suit toujours l'action ordonnée.
Sans qu'il ne le sache, je lui prépare une assiette que je lui donnerai dès qu'il aura terminé. Je suis certain qu'il va mener cette mission parfaitement. D'ailleurs, appuyé contre la fin du buffet, mon regard s'accroche à lui et surtout à chacun de ses mouvements.